On dit souvent que certaines rencontres changent la vie mais je crois que c’est aussi vrai pour des voyages et mes premiers séjours en Patagonie ont eu cet effet sur moi …
C’est donc logiquement que début Février 2023, Valentin, Tibo et moi, sommes repartis en direction de ce paradis pour la pêche de la truite. L’expérience de nos 2 premières aventures couplée à un gros travail de préparation nous permet de partir confiants en direction du Chili. Le plan est dans l’absolu assez simple, se baser sur des zones connues et déjà découvertes en 2020 pour ensuite prospecter plus loin dans des vallées plus reculées, moins accessibles et donc encore plus sauvages !
Une équipe bien préparée physiquement, un matos ultra réfléchi et optimisé, un bon 4*4, des cabanas sur des positions stratégiques, l’aventure peut commencer, c’est parti pour:
Souvent lorsqu’on voyage à l’autre bout de la planète, tout ne se passe pas exactement comme prévu mais il faut garder sa patience et tenir le cap c’est donc avec un peu de retard que nous arrivons sur zone mais tout va bien et surtout nous avons tout notre matériel !!!
Les niveaux sont bas mais les rivières sont toujours aussi belles et les paysages époustouflants. Nos premières sessions sur les secteurs connus nous permettent de retrouver rapidement les truites Patagonienne et de reprendre nos marques.
Après avoir fait le tour avec succès des rivières à proximité, il est temps de partir plus au nord, prospecter une vallée prometteuse et surtout plus sauvage…
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Sur le papier, ce Rio semble idéal et arrivés sur place nous ne serons pas déçus. Les parcours les plus inaccessibles, nous offrent des densités de malade. Sur cette grande rivière courante et très claire, les ondulantes Smith Pure de 9.5g nous permettent de pêcher rapidement les poissons actifs. Les compteurs s’affolent comme jamais, cette vallée bordée de glaciers est incroyable !
Les jours s’enchainent et le plaisir reste, la prospection de cette zone est une vraie réussite et répond exactement à nos attentes, elle récompense pleinement toute nos recherches sur cartes faites en amont du voyage.
Après un début de séjour sous le soleil et sans trop de vent, le temps se gâte. Un jour et une nuit entière sous une pluie battante comme sait si bien le faire la Patagonie, 100 mm au moins, peut-être plus !
On est bien équipé et la pêche reste très bonne mais les rivières commencent à gonfler, il est donc temps d’adapter nos plans. Finit la traque des truites, cette hausse des niveaux est favorable à tenter le second objectif de notre séjour, la capture du saumon Chinook…
Changement d’approche et changement de matériel, on va donc, envoyer du lourd et traquer le poisson aux milles lancés. Pour cette pêche, le choix des secteurs est essentiel et encore une fois les repérages en amont nous permettent de ne pas perdre trop de temps. Ici les distances entre les vallées sont assez importantes et surtout les pistes très chaotiques, sans préparation, on a vite perdu une demi-journée sur la route.
Par chance, sur l’un des premiers pool visités, Tibo touche un superbe Chinook. Encore une fois, lui le « spécialiste » du groupe fait parler son expérience en la matière et on met au sec ce beau saumon.
Beaucoup d’émotion, un vrai travail d’équipe. Cette prise nous booste et nous pousse à insister malgré des conditions météo compliquées. Les poissons sont bien là, on en voit, on en touche mais on les décroche, c’est rageant. Ces poissons se méritent, bref c’est une pêche au mental !!
C’est le dernier jour sur cette zone favorable au saumon car la suite de notre voyage, nous attend beaucoup plus au sud. Pour cette dernière matinée, on va viser à l’écart de la piste, un secteur plus bas de ce gros Rio. La rivière est plus rapide et présente moins de pool, c’est une succession de gros courants très marqués surtout avec les niveaux actuels. La traque continue et on insiste avec de gros leurres. Pour commencer, c’est uniquement des truites qui attaquent nos leurres. De très beaux poissons qui frisent les 60 cm mais sur notre matos plus puissant, c’est moins intéressant, l’objectif reste bien le Chinook…
Alors que le temps s’améliore doucement, l’activité s’éteint, on peigne un poste favorable en vain. La rivière se jette contre une falaise, crée une zone profonde et en face un contre-courant remonte une berge encombrée. C’est impossible qu’il n’y ait rien là ! Tout à coup, alors qu’on est prêt à changer de spot, un saumon marsouine à raz de la bordure en face. L’occasion est belle, c’est loin mais il faut insister. Toute la boite y passe mais rien n’y fait, le poste est difficile à atteindre et surtout c’est compliqué à bien le pécher. Valentin tente le tout pour le tout, un gros shad blanc. Son lancé est parfait, la reprise en tension rapide, la touche immédiate !
C’est incroyable mais attention car le poisson est très loin et la zone entre lui et nous, difficile à faire traverser. Le combat démarre tout en puissance, on ne le sait pas encore mais cela va être très long. Valentin est tendu, il subit le combat car le saumon se joue du courant et on comprend vite que ce poisson est énorme. Il faut se calmer, garder en tension ni trop, ni pas assez, maitriser les rushs, le brider en douceur quand il veut prendre la direction de troncs immergés et rependre du fil dans ses moments de faiblesse. Valentin reprend maintenant le dessus et on aperçoit la bête mais il faut être encore patient. C’est un travail d’équipe, écouter les conseils, gérer le frein, nettoyer la ligne tendue qui se charge d’algues. Au bout d’¼ d’heure le poisson tourne enfin dans la zone profonde devant nous, les derniers rushs sont moins violents et il faut abréger le combat. Sa taille rend impossible un épuisetage, je rentre donc dans l’eau et demande à Valentin de me faire passer le poisson à portée pour que je le saisisse. C’est risqué mais c’est « notre » technique, une histoire de confiance entre amis et après quelques captures, notre routine est assez bien rodée. Il aura fallu plusieurs essais, mais je le tiens par la queue, je le porte, enfin j’essai, je l’échoue, quel monstre. Que d’émotions, de joie, de cris, Valentin est comme tétanisé et nous abasourdis par ce Chinook aux mensurations folles, notre record : 124 cm et surement + de 25 kg, le poisson d’une vie !!
On peut maintenant continuer notre aventure tranquille, Valentin a capturé le roi du Rio.